Découvrir les miaos
UN PEU D'HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE
Les Miao, dont la population se monte à environ 9 millions d’âmes, forment la 4ème ethnie minoritaire chinoise. Leur origine se perd dans la nuit des temps, plus au Nord de leur localisation actuelle. C'est repoussés au fil des siècles par les Hans, l'ethnie chinoise, que les Miao se sont progressivement installés au Sud-Ouest de la Chine dont principalement dans le Guizhou (50%), le Yunnan et le Guangxi. De grandes révoltes contre le pouvoir central émaillent leur histoire et certaines d’entre elles, dont la révolte des Taiping au 19ème siècle, ont poussé les Miao vers le Laos, le Vietnam, le Myanmar et même jusqu’en Thaïlande où ils sont connus sous le nom de Hmong. Lors de cet exode qui s’étale sur des siècles, les Miao se sont divisés en de petites communautés relativement isolées dans les montagnes, ce qui explique la grande diversité de langues et de coutumes qui caractérisent ce peuple. A notre époque, les Miao-Hmong ont connu une importante vague d'immigration à la suite des guerres d'Indochine qui les a amenés dans plusieurs continents, c'est ainsi que de larges communautés sont installées en France, aux Etats-Unis et jusqu'en Guyane française.
DES COUTUMES ET UNE CULTURE VIVANTE
Les Miao sont un peuple de montagnes qu’ils ont sculptées en terrasses pour y planter riz glutineux, céréales, maïs et légumes. le caractère qui les représente, 苗, combine les racines de l’herbe艹 et du champ de riz 田 et les désigne depuis l’antiquité comme un peuple de cultivateurs. C'est une agriculture de subsistance et non mécanisable dans des conditions difficiles en raison des petites surfaces des terrasses qui accueillent riz et légumes. Leur animal fétiche est d’ailleurs le buffle d’eau, auquel ils vouent un véritable culte et dont il n’est pas rare de trouver une effigie à l’entrée du village. Selon la légende, l’ancêtre des Miao lui-même serait un buffle….
Traditionnellement, les Miao construisent leur maison en bois où le rez-de-chaussée est dévolu au rangement des outils agricoles et à l’élevage familial de cochons, de poulets et parfois de vaches et le premier étage sert d’habitation à la famille et à la conservation des récoltes de riz. S'ils sont restés longtemps à l'écart de la vague de développement en Chine, depuis 15 ans, les Miao ont vu leurs conditions de vie s'améliorer : les nouvelles infrastructures routières facilitent les communications et nombre d'entre eux ont pu se faire construire une maison moderne dotée d'une cuisine et d'une salle de bains.
Les repas quotidiens sont toujours à base de riz, l'été accompagné de plats de légumes et de viande sautés au wok, l'hiver, souvent d'une fondue au bouillon à base de volaille dans laquelle on plonge des feuilles vertes ou de choux. Les Miao aiment les saveurs fortes, l'aigre, le piquant, l'acide et tous les plats sont pimentés. A l'occasion des fêtes, des célébrations comme les mariages ou la présentation des nouveaux-nés, on tue le cochon pour des repas qui rassemblent le village.
UN PEUPLE GAI ET BON VIVANT
Les Miao sont extrêmement attachés à leur culture et leur histoire, et l'année est émaillée de fêtes conviviales où ils les célèbrent en costumes traditionnels. Le Guizhou est d’ailleurs surnommé le « pays des cent fêtes » tant les fêtes Miao y sont nombreuses : Nouvel an, fête des sœurs, fête des moissons, celle des bateaux dragons, festival de musique, concours de chant… à ces occasions, les femmes sortent leurs tenues de fête et se parent de kilos de bijoux d’argent, diadèmes, torques, colliers, boucles d’oreilles, bracelets… transmis de mère en fille.
Les Miao sont naturellement des gens optimistes et souriants, ils aiment rire, chanter, boire et faire la fête. Chez les Miao de Shidong, le Nouvel An chinois est suivi d'un mois qui est littéralement nommé 'Boire de l'alcool' ☺ , période des mariages et des visites dans la famille élargie où l'alcool de riz maison coule à flots et où les femmes démontrent leur habilité aux chants traditionnels célébrant leur histoire.
UN ARTISANAT EXCEPTIONNEL
Pour ce peuple sans écriture, les broderies qui ornent principalement les costumes des femmes sont le témoignage de leur histoire et de leur culture. Cet art du tissu, tissages, broderies et batiks, est reconnu depuis des siècles puisque dès le début de notre ère, des textes font déjà état de tissus dans les échanges commerciaux entre Miao et Han.
Les femmes fabriquent elles-mêmes leurs habits à partir de coton ou de chanvre qu’elles teignent à l’indigo pour leur donner une couleur foncée, bleue, noire ou même marron en rajoutant du sang de bœuf à l’indigo. Dans certains sous-groupes, le tissu est ensuite martelé au maillet, ce qui lui confère un aspect satiné et le rend plus résistant.
Les nombreux sous-groupes qui forment le peuple Miao-Hmong se reconnaissent par le costume et la coiffure des femmes qui sont d’une richesse presqu'infinie. Le costume peut être très complexe comportant jupe, jambières, tablier, caraco, veste, ….. toutes pièces brodées. La variété extraordinaire de motifs et des points employés donne la mesure de la richesse de leur art.
Les hommes, eux, ont une tradition et un savoir-faire dans la bijouterie, reconnus déjà par de lointains empereurs chinois. Les parures en argent ont une vertu protectrice mais symbolisent également la richesse et le statut social de la famille. Les techniques de bijouterie traditionnelles sont variées, filigrane, martelage, gravure mais toutes restent profondément artisanales et sans outillage moderne. Les vieux bijoux ont souvent été fabriqués en refondant les pièces de monnaie en argent qui ont circulé très longtemps en Chine.
DES RECITS, DES LEGENDES ET DES SYMBOLES LE PAPILLON
Essentiel dans la culture Miao et récurrent dans les broderies et les bijoux, le papillon réfère au mythe fondateur qui connaît quelques variantes de la Mère-Papillon, née d'un arbre qui a pondu 12 œufs. De ces œufs couvés longtemps par un oiseau mythique naquirent le premier homme, le tonnerre, le dragon, le tigre, le buffle et quelques autres animaux.
LE PHENIX
Symbole mythique de la renaissance et des cycles de la vie et de la mort, le phénix est souvent représenté sur les porte-bébés Miao. Protecteur et porteur de chance, il occupe une place éminente chez les Miao jusqu'à avoir une ville qui porte son nom, Fenghuang. Associé et opposé au dragon, le phénix est la partie féminine du couple Yin-Yang. Les Miao utilisent d'ailleurs souvent l'allégorie Dragon/Phénix dans leur représentation de cette dualité créatrice du Yin et du Yang.
LE DRAGON
Né lui aussi des 12 œufs de la mère-papillon Miao et donc frère des humains, le dragon est central dans toute la culture asiatique. Contrairement au nôtre, il ne crache pas le feu mais il fertilise la terre par la pluie et c'est ainsi qu'il symbolise la protection, la chance, la prospérité mais peut également être dangereux comme l'eau à laquelle il est intimement lié. Très présent dans l’iconographie Miao, il est souvent lié au phénix à côté duquel il est le versant mâle du Yin /Yang.
L'OISEAU
Pas forcément phénix -qui se reconnaît à sa queue surdimensionnée-, il est souvent représenté par couple. Considéré par les chamanes comme un lien entre les hommes et l'invisible, il est, dans la culture Miao, associé à la fidélité et au bonheur conjugal. Il rappelle également le mythe fondateur de la mère-papillon dont les œufs furent couvés par un oiseau.
LA FLEUR
Sous toutes ses formes et parfois stylisée au point d'être méconnaissable, la fleur est très présente dans les broderies. Elle célèbre la beauté et l'harmonie et rend hommage à la vitalité de la nature.
LE BUFFLE
Souvent représenté par ses cornes qui donnent leur nom aux Miao cornes en raison de la coiffure traditionnelle des femmes, il représente à la fois le culte des ancêtres et célèbre aussi cet animal indispensable à la culture ancestrale du riz.